Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/222

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ni accepterai un pareil sacrifice ! Jamais je ne consentirai à vouer un être qui m’aimerait au malheur auquel m’a condamné la vengeance de la fée Rageuse ! Jamais, par l’effet de ma volonté, un cœur capable d’un tel sacrifice ne souffrira tout ce que j’ai souffert et tout ce que j’ai à souffrir encore de l’antipathie, de la haine des hommes ! »

Agnella lutta en vain contre la volonté bien arrêtée d’Ourson. Il lui demanda avec instances de ne jamais lui parler de cet échange, auquel il ne donnerait certes pas son consentement, et de n’en jamais parler à Violette ni à aucune autre personne qui lui serait attachée. Elle le lui promit après avoir combattu faiblement, car au fond elle admirait et approuvait cette résolution. Elle espérait aussi que la fée Drôlette récompenserait les sentiments si nobles, si généreux de son petit protégé en le délivrant elle-même de sa peau velue.


V

ENCORE LE CRAPAUD


Quelques années se passèrent ainsi sans aucun événement extraordinaire. Ourson et Violette grandissaient. Agnella ne songeait plus au rêve de la première nuit de Violette ; elle s’était relâchée de sa surveillance, et la laissait souvent se promener seule ou sous la garde d’Ourson.