Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/223

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Ourson avait déjà quinze ans ; il était grand, fort, leste et actif ; personne ne pouvait dire s’il était beau ou laid, car ses longs poils noirs et soyeux couvraient entièrement son corps et son visage. Il était resté bon, généreux, aimant, toujours prêt à rendre service, toujours gai, toujours content. Depuis le jour où il avait trouvé Violette, sa tristesse avait disparu ; il ne souffrait plus de l’antipathie qu’il inspirait ; il n’allait plus dans les endroits habités ; il vivait au milieu des trois êtres qu’il chérissait et qui l’aimaient par-dessus tout.

Violette avait déjà dix ans ; elle n’avait rien perdu de son charme et de sa beauté en grandissant ; ses beaux yeux bleus étaient plus doux, son teint plus frais, sa bouche plus jolie et plus espiègle ; sa taille avait gagné comme son visage ; elle était grande, mince et gracieuse ; ses cheveux d’un blond cendré lui tombaient jusqu’aux pieds et l’enveloppaient tout entière quand elle les déroulait. Passerose avait bien soin de cette magnifique chevelure qu’Agnella ne se lassait pas d’admirer.

Violette avait appris bien des choses pendant ces sept années. Agnella lui avait montré à travailler. Quant au reste, Ourson avait été son maître ; il lui avait enseigné à lire, à écrire, à compter. Il lisait tout haut pendant qu’elle travaillait. Des livres nécessaires à son instruction s’étaient trouvés dans la chambre de Violette, sans qu’on sût d’où ils étaient venus ; il en était de même des vêtements et autres objets nécessaires à Violette, à Ourson, à