Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/52

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arbres avaient étouffé les ronces ; la terre était couverte de mousse. Blondine, qui était épuisée de fatigue et de chagrin, tomba au pied d’un de ces beaux arbres et recommença à sangloter.

« Courage, Blondine, espère ! » lui cria encore une voix.

Elle ne vit qu’une Grenouille qui était près d’elle et qui la regardait avec compassion.

« Pauvre Grenouille, dit Blondine, tu as l’air d’avoir pitié de ma douleur. Que deviendrais-je, mon Dieu ! à présent que me voilà seule au monde ?

— Courage et espérance ! » reprit la voix.

Blondine soupira ; elle regarda autour d’elle, tâcha de découvrir quelque fruit pour étancher sa soif et apaiser sa faim.

Elle ne vit rien et recommença de verser des larmes.

Un bruit de grelots la tira de ses douloureuses pensées ; elle aperçut une belle vache qui approchait doucement, et puis, étant arrivée près d’elle, s’arrêta, s’inclina et lui fit voir une écuelle pendue à son cou. Blondine, reconnaissante de ce secours inattendu, détacha l’écuelle, se mit à traire la vache, et but avec délices deux écuelles de son lait. La vache lui fit signe de remettre l’écuelle à son cou, ce que fit Blondine ; elle baisa la vache sur le cou et lui dit tristement :

« Merci, Blanchette ; c’est sans doute à mes pauvres amis que je dois ce secours charitable : peut-être voient-ils d’un autre monde le repentir de leur pauvre Blondine, et veulent-ils adoucir son affreuse position.