Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

un pouvoir plus grand que le leur ? Tu sais, Blondine, que le repentir rachète bien des fautes.

— Ah ! Madame la Tortue, si vraiment ils existent encore, si vous pouvez me donner de leurs nouvelles, dites-moi que je n’ai pas leur mort à me reprocher, dites-moi que je les reverrai un jour ! Il n’est pas d’expiation que je n’accepte pour mériter ce bonheur.

— Blondine, il ne m’est pas permis de te dire le sort de tes amis ; mais si tu as le courage de monter sur mon dos, de ne pas en descendre pendant six mois et de ne pas m’adresser une question jusqu’au terme de notre voyage, je te mènerai dans un endroit où tout te sera révélé.

— Je promets tout ce que vous voulez, Madame la Tortue, pourvu que je sache ce que sont devenus mes chers amis.

— Prends garde, Blondine : six mois sans descendre de dessus mon dos, sans m’adresser une parole ! Une fois que nous serons parties, si tu n’as pas le courage d’aller jusqu’au bout, tu resteras éternellement au pouvoir de l’enchanteur Perroquet et de sa sœur la Rose, et je ne pourrai même plus te continuer les petits secours auxquels tu dois la vie pendant six semaines.

— Partons, Madame la Tortue, partons sur-le-champ, j’aime mieux mourir de fatigue et d’ennui que de chagrin et d’inquiétude ; depuis que vos paroles ont fait naître l’espoir dans mon cœur, je me sens du courage pour entreprendre un voyage bien plus difficile que celui dont vous me parlez.