Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/92

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« C’est sans doute le dernier obstacle dont m’a parlé le Corbeau, dit Henri. Puisque j’ai franchi tous les autres avec le secours de la bonne fée Bienfaisante, elle m’aidera bien certainement à surmonter celui-ci. C’est elle qui m’a envoyé le Coq et le Corbeau, ainsi que le petit Vieillard, le Géant et le Loup. Je vais attendre qu’il lui plaise de m’aider cette dernière fois. »

En disant ces mots, Henri se mit à longer le fossé dans l’espoir d’en trouver la fin ; il marcha pendant deux jours, au bout desquels il se retrouva à la même place d’où il était parti.

Henri ne s’affligea pas, ne se découragea pas ; il s’assit au bord du fossé et dit :

« Je ne bougerai pas d’ici jusqu’à ce que le génie de la montagne m’ait fait passer ce fossé. »

À peine eut-il dit ces mots, qu’il vit devant lui un énorme Chat qui se mit à miauler si épouvantablement que Henri en fut étourdi. Le Chat lui dit :

« Que viens-tu faire ici ? Sais-tu que je pourrais te mettre en pièces d’un coup de griffe ?

— Je n’en doute pas, Monsieur le Chat, mais vous ne le voudrez pas faire quand vous saurez que je viens chercher la plante de vie pour sauver ma pauvre maman qui se meurt. Si vous voulez bien me permettre de passer votre fossé, je suis prêt à faire tout ce qu’il vous plaira de me commander.

— En vérité ? dit le Chat. Écoute : ta figure me plaît ; si tu peux me pêcher tous les poissons qui