Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/93

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vivent dans ce fossé ; si tu peux, après les avoir pêchés, me les faire cuire ou me les saler, je te ferai passer de l’autre côté, foi de Chat. Tu trouveras ce qu’il te faut ici près sur le sable. Quand tu auras fini, appelle-moi. »

Henri fit quelques pas et vit à terre des filets, des lignes, des hameçons. Il prit un filet, pensant que d’un coup il prendrait beaucoup de poissons, et que cela irait plus vite qu’avec la ligne. Il jeta donc le filet, le retira avec précaution : il n’y avait rien. Désappointé, Henri pensa qu’il s’y était mal pris ; il rejeta le filet, tira doucement : rien encore. Henri était patient ; il recommença pendant dix jours sans attraper un seul poisson. Alors il laissa le filet et jeta la ligne.

Il attendit une heure, deux heures : aucun poisson ne mordit à l’hameçon. Il changea de place jusqu’à ce qu’il eût fait le tour du fossé ; il ne prit pas un seul poisson ; il continua pendant quinze jours. Ne sachant que faire, il pensa à la fée Bienfaisante, qui l’abandonnait à la fin de son entreprise, et s’assit tristement en regardant le fossé, lorsque l’eau se mit à bouillonner, et il vit paraître la tête d’une Grenouille.

« Henri, dit la Grenouille, tu m’as sauvé la vie, je veux te la sauver à mon tour ; si tu n’exécutes pas les ordres du Chat de la montagne, il te croquera pour son déjeuner. Tu ne peux pas attraper les poissons, parce que le fossé est si profond qu’ils se réfugient tous au fond ; mais laisse-moi faire ; allume ton feu pour les cuire, prépare tes