Page:Ségur - Quel amour d’enfant.djvu/223

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madame de monclair.

Qu’est-ce que cela fait ? Tu as bien pris hier ceux de M Tocambel… Décidément je les garde ; ils sont trop jolis. »

Et Mme de Monclair les mit dans sa poche.

Giselle, surprise, consternée, ne savait quel parti prendre. Elle se tourna vers son père et dit d’une voix larmoyante : Papa !

M. de Gerville, reprenant courage à cet appel, s’adressa à sa tante :

« C’est une plaisanterie, n’est-ce pas, ma tante ? La pauvre Giselle en est tout effrayée et interdite. Ayez la bonté, ma chère tante, de lui rendre ses brodequins.

madame de monclair.

Mais, mon ami, je fais ce que Giselle a fait hier, avec la différence que ce qu’elle a fait en cachette, je le fais ouvertement, devant vous. Si elle n’a pas mal fait, pourquoi ne ferais-je pas comme elle ? Et si elle a mal fait, pourquoi serait-elle récompensée, et pourquoi ne le serais-je pas comme l’a été Giselle ? Ou bien, pourquoi n’empêcherais-je pas Giselle de recevoir la récompense de sa mauvaise action ? Ces brodequins vous ont coûté trente francs, je le sais. Voici vos trente francs, dont je ne veux pas vous dépouiller ; et je garde les brodequins pour moi.