Page:Ségur - Quel amour d’enfant.djvu/278

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agréable parce qu’elle fut questionnée, admirée par plusieurs amis de ses parents, et qu’elle fit tout ce qu’elle voulut du matin au soir ; la rentrée fut joyeuse ; son père, qui l’avait ramenée, fut consterné de la gaieté insouciante qu’elle témoigna. Il avait laissé Léontine et Pierre avec Mme de Monclair ; quand il vint leur rendre compte de la manière dont s’était faite la séparation, il mit une telle froideur dans son récit, que Léontine lui reprocha son indifférence pour sa malheureuse enfant.

m. de gerville.

Malheureuse ! Ha, ha, ha ! Elle est plus heureuse qu’elle ne l’a jamais été ; elle est enchantée de nous avoir quittés ; elle ne pèse pas une once. Nous sommes bien bons de nous tourmenter pour cette petite ingrate.

léontine.

Ingrate ! Victor, c’est mal ce que tu dis.

m. de gerville.

Oui, ingrate ; je le répète, une ingrate ! Tu crois qu’elle t’aime ? Pas plus que moi ! Une petite fille sans cœur ! voilà ce qu’elle est. Mes yeux sont bien ouverts sur son compte à présent. Qu’elle revienne à la maison ! et tu verras si je la gâte ! »

Léontine sentait que son mari disait vrai ; elle