Page:Ségur - Quel amour d’enfant.djvu/286

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qu’elle s’accusait de traiter trop durement, mais elle se contint et reprit son livre d’une main tremblante.

Giselle pleura, se roula, cria en vain. Léontine lisait toujours ; elle aussi pleurait, mais en silence, cachant ses larmes à son ingrate enfant.

Enfin les pleurs de Giselle ne coulèrent plus ; elle s’aperçut que sa mère s’essuyait les yeux ; elle devina que la tendresse était la même et que la sévérité n’était qu’apparente. Cette pensée la consola, car elle avait été réellement inquiète ; elle aimait sa mère en raison de la fermeté qu’elle déployait.

Elle se leva, s’approcha doucement du fauteuil de Léontine, et, passant son bras autour de son cou, elle posa sa tête sur sa poitrine et dit d’une voix calme :

« Maman, ne pleurez pas : je ne retournerai pas au couvent avant ce soir ; je vous aime. »

Léontine, trop émue pour parler, l’embrassa, la serra dans ses bras, et, recueillant toute sa force pour ne pas se laisser aller au bonheur et à la tendresse qui remplissaient son cœur, elle lui dit en souriant :

« C’est bien, chère enfant ; tu fais très bien.

giselle.

Maman, voudriez-vous sortir un peu avec moi ?