Page:Ségur - Quel amour d’enfant.djvu/290

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Le grognement de l’ours excita le tigre, qui recommença à rugir. Giselle, terrifiée, voulut se relever, mais elle se sentit retenue par sa robe, que les griffes de l’ours avaient saisie à travers les barreaux de la cage ; il cherchait à attirer à lui Giselle, qui trébuchait à chaque nouvel effort de l’ours.

« Papa ! papa ! » criait Giselle.

Le tigre et l’ours continuaient leurs rugissements ; les autres animaux, excités par les exclamations des personnes présentes, faisaient un vacarme qui attira les gendarmes et la foule. M. de Gerville avait beau soutenir Giselle et chercher à la dégager : l’ours gagnait du terrain, la manche de la robe de Giselle était déchirée, les griffes de l’ours commençaient à effleurer sa peau ; un gendarme, voyant le péril que courait Giselle, tira son sabre et abattit un bout de la patte de l’ours, qui se réfugia en grondant au fond de sa cage. Giselle était tombée aussi par l’effet de la secousse le sang de l’ours avait jailli sur elle, et quand son père la releva et l’emporta au dehors, elle paraissait grièvement blessée au bras. Ce fut à ce moment que Léontine, effrayée par les cris qui se faisaient entendre dans la baraque, accourut au secours de Giselle. Quand elle vit son mari emportant sa fille qui avait le bras ensan-