Page:Ségur - Quel amour d’enfant.djvu/341

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elle lisait beaucoup ; elle travaillait presque sans relâche à sa musique, parce que c’était un moyen de briller ; elle se promenait souvent pour prendre des vues, pour faire des études d’arbres, de premiers plans, de lointains ; le pays était joli, fort accidenté. Giselle dessinait bien. Revenue à la maison, elle achevait son dessin, soit à la sépia, soit à l’aquarelle. Son hiver à Paris fut moins agréable qu’elle ne s’y attendait ; elle espérait aller dans le monde, et sa mère l’avait déjà menée à un bal où Giselle fit sensation à cause de sa beauté. Mais Mme de Monclair, que Léontine s’était gardée de consulter, ayant appris que Giselle avait été en vue à un grand bal, qu’elle y avait fait beaucoup d’effet, s’effraya de cette imprudence de Léontine ; elle courut chez sa nièce, escortée par son fidèle ami Tocambel.

madame de monclair.

Qu’est-ce que j’apprends, Léontine ? Tu as mené Giselle au grand bal de l’ambassade d’Autriche, avant-hier ?

— Oui, ma tante, répondit Léontine embarrassée elle m’en a tant priée ; la pauvre petite n’avait jamais vu de grand bal…

madame de monclair.

Je crois bien, à quinze ans ! Dis donc, Giselle, tu veux déjà vieillir, enlaidir ?