Ce soir-là Giselle était seule ; elle pleurait. Elle était en grand deuil de son mari, mort récemment à la suite d’une chute de cheval ; il avait consenti à la revoir à son lit de mort, et lui avait pardonné de bon cœur. Il avait expiré dans les bras de son confesseur et sa main dans celle de sa femme.
Cette fin si malheureuse avait profondément impressionné Giselle et avait consolidé son retour à des sentiments chrétiens, qui avaient été totalement perdus dans le tourbillon du monde et de ses plaisirs.
Elle était donc seule et pleurait.
La porte s’ouvrit. Un homme entra précipitamment, croyant entrer chez Léontine. Giselle leva sur lui ses yeux baignés de larmes, poussa un cri et s’élança vers cet homme dont elle serra les mains avec force.
« Julien, mon cher Julien ! c’est le bon Dieu qui vous envoie ; vous que j’ai tant regretté, tant offensé ! Oh ! Julien, que je suis malheureuse ! Que de fois j’ai pensé à vous, au bien que vous m’auriez fait ! Quelle vie j’ai menée ! Que de douleurs j’ai causé ! Ah ! je vois clair maintenant dans ma conscience. J’ai causé le malheur de tous ceux qui m’ont aimée. J’ai causé en partie la ruine et la mort de mon mari. Ah ! Julien, pardonnez à