Page:Ségur - Quel amour d’enfant.djvu/41

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comme elle le croit ; elle m’a peiné en effet, vous aussi ; elle, par sa fausseté et ses intentions malicieuses ; et vous, par votre faiblesse et votre confiance aveugle en ses paroles.

léontine, avec surprise.

Ma faiblesse ? Ma faiblesse ? Comment ? Au moment où j’use de sévérité à son égard, où je l’oblige à m’obéir malgré ses larmes, vous m’accusez de faiblesse ? Que fallait-il donc faire ?

m. tocambel.

Il fallait ouvrir les yeux, mon enfant, et voir que sa feinte amitié pour moi, que sa demande en grâce pour son oncle et sa tante, que sa prétendue étourderie en parlant de mon âge et en rapportant les paroles de la tante Monclair, que ses larmes forcées, que tout cela était fausseté et mensonge. Aussitôt qu’il s’agit de Giselle, vous devenez aveugle à l’évidence, sourde à la vérité. Et à présent, ma chère enfant, dites-moi ce que vous aviez à me dire. »

Léontine, un peu émue, lui raconta la scène qui s’était passée chez son frère et le martyre de la malheureuse Giselle. M. Tocambel l’écouta attentivement ; quand elle eut tout dit, il leva les yeux sur elle, lui serra les mains et lui dit avec un sourire :

« Pauvre mère ! Comme vous voilà troublée pour un rien !