pour la première fois depuis bien des années, et je ne doute pas que le sang de Monseigneur Affre n’ait été comme le ciment béni de cette grande réconciliation du prêtre et du soldat, qui est désormais un fait accompli et qui assurera peut-être le salut de la France.
Tel est le premier souvenir que je voulais rappeler ; voici le second. Ce fut à Notre-Dame, après une de ces grandes conférences qui m’avaient tant ému, que je rencontrai un ami auquel je m’unis bientôt de la plus tendre affection, un ami pieux comme un ange, bon comme un enfant, aimant comme un cœur pur et chrétien, et, en même temps, ardent comme la forte race dont il descendait, généreux comme un chevalier de Rhodes, courageux comme un vrai lion : cet ami, c’était cet Hélion de Villeneuve-Trans, ce soldat gentilhomme dont la mort glorieuse en Orient a suscité dans tous les rangs du monde une si inconsolable admiration ! Il a succombé sous les murs de Sébastopol, où l’avaient emporté ce courage brillant et cette grandeur d’âme qui eussent fait de lui, dès la fleur de l’âge, un élu de Dieu dans le ciel.
La vie de cet ami incomparable a été pendant plusieurs années si étroitement unie à ma vie, son souvenir tient une si grande place au milieu de mes plus chers et plus purs souvenirs, que je manquerais au dessein et au titre même de cet ouvrage, si je ne retraçais ici l’histoire de ce cher compagnon de ma jeunesse telle que je l’ai écrite et publiée séparément, et telle que le lecteur la trouvera reproduite en entier au chapitre suivant. La vie de ce noble jeune homme sera certainement, pour tous ceux qui liront cet écrit, la page la plus intéressante et la plus belle de mes souvenirs.