et dès ce moment son enfance fut celle d’un saint. Il fit planter une petite croix près de l’endroit où il était tombé, obtint que le curé du village voulût bien la bénir, et ce lieu devint pour lui un pèlerinage de tous les instants. Tous les jours, et bien des fois chaque jour, ce pèlerin de quatre ans venait visiter sa chère petite croix et s’y agenouillait pieusement. Il y passait des heures entières à prier, et souvent il fallait que sa mère vînt le chercher pour l’arracher ses méditations et à ses prières.
De retour à Nancy, il se fit également, dans un coin de la maison, une sorte d’oratoire où il se retirait continuellement et où il passait de longues heures. Quand sa prière se prolongeait outre mesure, et que sa mère inquiète l’appelait, il lui répondait : « J’ai besoin de prier ; » et il restait à genoux.
Je ne crois pas qu’on rencontre ailleurs, si ce n’est dans la vie des saints, des exemples pareils de grâce divine et de piété surhumaine.
Mais la foi ne va jamais seule : comme une reine céleste, elle est toujours accompagnée de mille douces vertus, de mille qualités aimables qui lui font cortège. Avec l’amour de Dieu grandissaient chaque jour, dans l’âme du saint enfant, la bonté, la tendresse et une énergie morale qui annonçait et qui préparait en lui le héros. Un trait touchant manifesta d’une manière frappante ces rares qualités.
Un jour, comme il revenait de la promenade, sa main se trouva prise dans une porte que le vent avait refermée violemment sur lui. Sans pousser un cri, il rouvrit lui-même cette porte et retira sa main : le gant qui la cachait était tout couvert de sang. Sa sœur aînée, témoin de l’accident, fut si émue qu’elle perdit connaissance. Quant à lui s’oubliant selon son habitude pour ne penser qu’aux autres, il composa son visage, entra chez sa mère avec