et une heure du matin, après un repos qui semblait paisible, il se retourna tout à coup dans son lit et rendit le dernier soupir, doucement, sans effort, sans agonie, sous les yeux d’un bon infirmier qui le veillait, et qui avait ordre de ne pas le quitter un instant. C’était fait de son existence ici-bas ! et son âme si belle, si grande, si pure, abandonnant à la terre son enveloppe mutilée, était allée recevoir dans le ciel l’éternelle récompense promise aux martyrs et aux saints.
Le lendemain, quand la nouvelle imprévue de sa mort fut connue à l’état-major et dans le corps d’armée auquel il appartenait, ce fut un étonnement douloureux et un deuil universel. La plupart des généraux et des officiers le connaissaient et lui portaient une estime affectueuse ; les circonstances exceptionnelles de son engagement volontaire, son courage héroïque, sa bonté et sa mâle franchise, l’avaient fait également connaître et aimer d’un grand nombre de soldats. La mort de ce simple sous-officier de zouaves produisit donc une impression presque égale à celle qu’aurait causée la mort d’un général, et, dans tous les rangs de l’armée, depuis le commandant en chef, qui lui avait présagé le plus brillant avenir, jusqu’aux simples soldats, sa fin si prématurée fit couler bien des larmes.
Je n’en citerai que deux preuves entre beaucoup d’autres : premièrement, le passage suivant d’une lettre écrite à Madame de Villeneuve par l’illustre maréchal Bosquet :
« J’ai reçu le buste précieux qui reproduit si bien les beaux traits du noble enfant que nous avons tous pleuré avec vous et regretté avec toute l’armée comme une glorieuse espérance perdue. »
Je citerai, en second lieu, la lettre écrite par le général Forey au colonel chef d’état-major de la garde nationale