Réforme. « Là aussi, dit encore Érasme après avoir raconté les débauches inouïes dont étaient témoins les villes réformées de l’Allemagne, on ne fait que danser, manger, boire et se vautrer dans la débauche. Adieu l’étude, l’instruction, la pureté de la conduite, la retenue ; partout où ces gens-là se montrent, aussitôt disparaît l’esprit de discipline et de piété. »
Quant à la liberté de l’esprit humain, la Réforme a-t-elle été plus fidèle à son drapeau ? L’histoire entière, si je l’interrogeais ici, répondrait : Non ! à toutes ses pages ; mais je ne peux pas sortir de Genève, et pour réponse, je trouve Calvin.
On a trop oublié ce que fut Calvin et ce qu’il fut à Genève, où il domina comme un maître. Tout le monde sait qu’il fit brûter, en 1553, Michel Servet, médecin d’Aragon, convaincu d’erreur et d’hérésie au sujet de la sainte Trinité et surtout d’irrévérence à l’égard de Calvin lui-même. Mais ce qu’on ne sait pas assez, c’est que le réformateur avait prémédité cet acte de cruauté et de vengeance personnelle sept années à l’avance, ainsi qu’il résulte de cette lettre, qu’il écrivait à Faret dès le 13 février 1546 : « Servet m’a écrit dernièrement et a joint à sa lettre un gros livre de ses rêveries, avec des vanteries arrogantes que j’y verrais des choses jusqu’à présent inouïes et ravissantes. Il promet de venir ici, si je l’agrée ; mais je ne veux point engager ma parole car, s’il vient et si mon autorité est considérée, je ne permettrai point qu’il en échappe sans qu’il perde la vie. »
Et à Viret, prédicant de Lausanne : « Si jamais Servet vient à Genève, il n’en sortira pas vivant, c’est pour moi un parti pris. »
Une fois Servet arrêté, traduit devant le tribunal de l’inquisition genevoise et condamné à mort, Calvin, voulant en quelque sorte associer toute la Réforme à l’acte qu’il