fortement trempées, après de pareils crimes, étaient capables de pareilles expiations ! où l’Église, plus grande et plus forte que tout le reste, remportait sur les victorieux ces saintes et pacifiques victoires ! Théodose se releva de la poussière du temple pardonné devant les hommes comme devant Dieu, et la postérité se demande encore quel fut dans ce jour mémorable le plus grand, de l’évêque qui imposa cette pénitence au souverain, ou du souverain qui l’accepta.
De ce jour, l’amitié déjà si tendre de Théodose et de saint Ambroise devint plus forte que la mort, et quand la dépouille mortelle du grand et pieux empereur revint une dernière fois dans cette basilique témoin de son immortel repentir, saint Ambroise en rappela le souvenir à la foule qui pleurait, par ces touchantes paroles :
« J’ai aimé ce héros qui a pleuré publiquement un péché que d’autres lui avaient fait commettre par artifice, qui l’a pleuré tous les jours de sa vie ! Il venait de remporter une victoire éclatante dans la guerre la plus juste qui fût jamais, et cependant il s’abstint, pendant quelque temps, de la participation aux saints mystères, pour ne pas présenter à l’autel des mains teintes de sang. J’ai aimé ce héros miséricordieux et clément, et c’est pourquoi je le pleure du fond de mes entrailles. J’ai aimé ce héros ; mes prières et mes larmes ne cesseront point d’être offertes au ciel pour qu’il soit introduit sur la montagne sainte du Seigneur, dans la véritable terre des vivants ! » Ces scènes sublimes, cette lutte de sainte audace et de soumission, cet empereur prosterné sur le pavé du temple, ces gémissements d’un saint sur son illustre ami, eurent pour témoins ces voûtes antiques, sous lesquelles nous nous tenions silencieux et comme oppressés par la majesté de tels souvenirs. Mais ce n’est pas tout. Et combien d’autres