Page:Ségur - Témoignages et souvenirs.djvu/250

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par une force étrangère se redresse vivement et relève sa tête vers le ciel. Sans la volonté de son confesseur et de tous ses supérieurs ecclésiastiques, elle resterait sans doute dans une extase perpétuelle ; mais elle leur a fait vœu d’obéissance, et un mot d’eux, même prononcé à voix basse, suffit pour la rappeler sur la terre.

Nous sortîmes de la chambre de cette sainte fille le cœur plein des plus douces émotions, et remerciant Dieu de nous les avoir données Les doutes que nous avions pu conserver en lisant les relations des voyageurs qui nous avaient précédés, s’étaient évanouis devant la réalité du spectacle que nous venions de contempler. La vue seule de cette physionomie si douce, si naïve et si simple, jointe à l’absence de tout intérêt personnel, écarte absolument toute idée de fraude ou même d’illusion. Évidemment, il n’y a là ni magnétisme ni catalepsie. D’ailleurs, les détails authentiques que nous avons recueillis sur les lieux, et que d’autres ont également puisés aux sources les plus certaines sur la vie antérieure et l’existence présente de Marie de Mœrl, répondent invinciblement, selon moi, à tous les scrupules légitimes. Voici les plus saillants de ces faits :

Marie de Mœrl est née à Kaltern, le 16 octobre 1812, d’une pieuse famille bourgeoise. Dès son enfance, elle montra une grande disposition à la piété, et l’amour de Dieu se développa rapidement dans son âme. À dix ans, elle fit sa première communion avec un sentiment si vif de la présence réelle, qu’après avoir reçu le corps de Jésus-Christ elle tomba évanouie. Elle avait quinze ans quand sa mère mourut. De ce jour, malgré les souffrances d’une santé déplorable, ce fut elle qui dirigea la maison de son père et l’éducation de ses frères et sœurs. Un de ses frères est aujourd’hui capucin, et deux de ses sœurs se sont faites religieuses. Plus elle avançait en âge, plus