ments de loisir leur sont donnés pour se reposer du travail, se retirer dans leur cellule, dormir ou prier. Or, malgré les sept heures d’offices que la règle leur impose dans la journée, beaucoup de religieux consacrent encore ces instants de repos à la prière : ils se rendent à la chapelle et adorent le Dieu auquel ils ont donné tout leur amour ; rien n’est beau, rien n’est imposant comme la chapelle de la Trappe dans ces heures bénies. Les religieux y sont immobiles dans diverses attitudes, les uns agenouillés, les autres prosternés la face contre terre, d’autres la tête cachée dans leurs mains. Enveloppés dans leurs longues robes blanches, entourés de silence et de recueillement, ils ne semblent déjà plus appartenir à la terre.
Un d’eux surtout, je m’en souviens et m’en souviendrai toujours, attira mon attention et me frappa vivement. C’était un jeune frère, d’une figure charmante : il était dans une stalle, adossé contre la muraille, immobile, et perdu dans les larges plis de sa robe, comme ces saints des tableaux du moyen âge qui semblent n’avoir point de corps sous leurs chastes vêtements. On ne voyait pas ses yeux, que le recueillement tenait fermés, et cependant on sentait que ces yeux purs contemplaient le ciel. Il était comme abîmé, corps et âme, dans la foi et dans l’amour de Dieu. Jamais je ne vis une image plus céleste de la prière, de la contemplation séraphique : c’était de l’extase, du ravissement c’était un ange adorant le Seigneur au pur foyer de la lumière et de l’amour.
Ô joies du cloître ! joies sacrées de l’âme qui connaît Dieu, qui le possède et qui l’aime ! joies du sacrifice et de la pénitence, plus douces, plus profondes mille fois que toutes les joies, tous les plaisirs, tous les amours de la terre : malheureux ceux qui vous ignorent et qui vous nient parce qu’ils ne vous comprennent pas ! Hélas ! cette