taire. Devant les reliques de ces généreux athlètes de Jésus-Christ, qui ne sentirait grande en soi avec le courage chrétien l’esprit de sacrifice et de dévouement, et, avec un plus vif amour du devoir, la haine salutaire du mal ? Qui oserait se dire qu’il ne préfère pas mille fois le sort des victimes à celui des bourreaux et des persécuteurs ? Qui ne rougirait des lâchetés du respect humain et ne demanderait à Dieu un peu de l’énergie et de la tendresse d’âme de ces héros qui, après avoir aimé leurs frères jusqu’à tout quitter pour leur salut, ont aimé Jésus-Christ jusqu’à quitter la vie même pour lui ? Pour rester indifférent devant un tel spectacle et s’en éloigner sans quelque résolution généreuse, il faudrait avoir de la cendre froide à la place du cœur.
La première fois qu’il me fut donné de pénétrer dans ce sanctuaire, je n’étais pas seul ; la chambre des martyrs était remplie de soldats auxquels on avait permis, comme à moi, de la visiter c’est une permission, du reste, que les missionnaires ne refusent jamais à personne. Un jeune prêtre de la maison était là, au milieu de nous, nous racontant familièrement l’histoire des martyrs dont nous contemplions les reliques, nous expliquant les divers genres de supplices que représentent les tableaux attachés aux murailles, et souriant doucement à nos étonnements et à nos exclamations d’horreur. Les braves militaires qui nous entouraient étaient suspendus aux lèvres du missionnaire leur physionomie naïve et mobile exprimait tour à tour l’admiration, la pitié et l’indignation : tous étaient vivement émus, et leur émotion augmentait encore la mienne. Il y en eut un qui s’écria avec un accent que je n’oublierai de ma vie « Pourquoi ne nous envoie-t-on pas là-bas protéger nos missionnaires et mettre ces sauvages à la raison ? »
Le jeune prêtre seul était calme et tranquille, et sa