Page:Ségur - Témoignages et souvenirs.djvu/276

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physionomie sereine ne perdait jamais son sourire. Loin de l’effrayer, toutes ces souffrances qu’il nous racontait semblaient l’attirer et le tenter. Il enviait le sort de ses heureux confrères, et il aspirait à donner comme eux son sang pour Jésus-Christ. Hélas il n’y a que trop de chances que son vœu soit réalisé un jour, s’il ne l’est déjà, car il était alors sur le point de partir pour les missions, et, au moment où j’écris ces lignes, il est depuis longtemps sans doute dans la Chine ou dans le Tong-King.

Quoi qu’il en soit de ce pieux missionnaire, je vais essayer de rappeler ici les détails qu’il nous raconta sur les reliques et les tableaux de la chambre des martyrs, détails admirables et touchants, dignes des siècles héroïques de l’Église, que j’ai vérifiés et complétés dans les Annales de la Propagation de la Foi et dans les relations mêmes des missionnaires[1].

Les grands reliquaires dont j’ai parlé tout à l’heure sont au nombre de cinq. Celui du milieu, plus vaste et plus orné que les autres, renferme les ossements complets de monseigneur Borie, évêque d’Acanthe, mis à mort pour la foi, à l’âge de trente ans, en 1838. Dans les deux reliquaires placés à gauche de celui de monseigneur Borie sont les reliques de M. Gagelin et d’un martyr chinois ; ceux de droite contiennent les ossements de M. Jaccard et de Thomas Thien, son catéchiste, tous deux martyrisés au Tong-King le mâme jour.

Monseigneur Borie, né à Cors, petit village de la Cor-

  1. Note de l’auteur. — Les actes des martyrs des Missions étrangères et de plusieurs autres martyrs appartenant à d’autres congrégations ou d’origine asiatique sont rassemblés tout au long dans deux recueils des plus intéressants, intitulés, le premier les Martyrs en Chine, par l’abbé Allemand-Lavherie, et le second : Notice sur les soixante-dix serviteurs de Dieu.