Page:Ségur - Témoignages et souvenirs.djvu/290

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je pardonne de bon cœur à tous ceux qui m’ont offensé, et je demande pardon a tous ceux que j’ai scandalisés. Je vous prie d’écrire à monseigneur notre vicaire apostolique, que je respecte et aime bien sincèrement, ainsi qu’à messieurs nos autres confrères que je porte tous dans mon cœur. Je me recommande à leurs prières, ainsi qu’à celles des prêtres du pays, des religieuses et de toutes les bonnes âmes. Je vous prie aussi d’écrire en mon nom à messieurs les directeurs des Missions étrangères, à M. Lombard, missionnaire à Besançon, mon cher père en Jésus-Christ, et deux mots à mes parents. Je n’ai plus que deux sœurs, un oncle et une tante je ne les oublierai pas dans le ciel, où nous nous reverrons tous, je l’espère. J’ai des effets au Phu-Yen, au Quin-Hou et au Quang-Ngai : je laisse le tout à la disposition des administrateurs de la mission je quitte ce monde, où je n’ai rien à regretter. La vue de mon bon Jésus crucifié me console de tout ce que la mort peut avoir d’amertume ; toute mon ambition est de sortir promptement de ce corps de péché pour être réuni à Jésus-Christ dans la bienheureuse éternité Cupio dissolvi et esse cum Christo[1]. Je n’ai plus qu’une consolation à désirer, celle de vous rencontrer ainsi que le père Odorico pour la dernière fois. »

Enfin, le sur lendemain 16 octobre, M. Jaccard écrit à M. Gagelin « Bien vénéré confrère, si l’on diffère votre exécution, nous avons encore une lueur d’espérance de pouvoir vous rencontrer mais, si, comme on me l’assure, elle doit avoir lieu demain ou après-demain, il est probable que nous ne pourrons plus vous voir… Croyez que si vous ne pouvez pas non plus voir un père annamite, c’est qu’il n’y a pas moyen de vous procurer cet avantage : heureusement ce n’est pas une chose néces-

  1. Saint Paul.