« … Que fait cependant l’Église ? s’écrie-t-il après avoir exposé les beaux plans, les conjurations et les folles espérances des philosophes : l’Église semble pâlir. Bossuet ne rend plus d’oracles ; Fénelon dort dans sa mémoire harmonieuse ; Pascal a brisé au tombeau sa plume géométrique ; Bourdaloue ne parle plus en présence des rois ; Massillon a jeté aux vents du siècle les derniers sons de l’éloquence chrétienne. Espagne, Italie, France, par tout le monde catholique, j’écoute : aucune voix puissante ne répond aux gémissements du Christ outragé. Ses ennemis grandissent chaque jour. Les trônes se mêlent à leurs conjurations. Catherine II, du milieu des steppes de la Crimée, au sortir d’une conquête sur la mer ou sur la solitude, écrit des billets tendres à ces heureux génies du moment ; Frédéric II leur donne une poignée de main entre deux victoires ; Joseph II vient les visiter, et dépose la majesté du saint empire romain au seuil de leurs académies. Qu’en dites-vous ? Que dites-vous du silence de Dieu ? Qu’est-ce qu’il fait ? Déjà le siècle a marqué le jour de sa chute ; attendez : une heure, deux heures, trois heures… demain matin, ils enterreront le Christ. Ah ! ils lui feront de belles funérailles ; ils ont préparé une procession magnifique ; les cathédrales en seront, elles se mettront en route et s’en iront deux à deux, comme les fleuves qui vont à l’Océan, pour disparaître avec un dernier bruit. Qu’en dites-vous, encore une fois, messieurs ? C’est vrai, Dieu se taisait. Il avait tout ôté à son Église, tout, excepté le triomphe de l’erreur contre l’erreur même. Jamais Dieu, jusque-là, n’avait laissé à l’erreur son développement total : cette fois, il laissait faire jusqu’au bout. Attendons à notre tour, et, avant même la fin, regardons dans les mœurs quels étaient les effets du triomphe de la raison pure.
« Que faisait dans le monde la Chasteté, cette vierge