intérieurs de Notre-Dame pour retrouver les ébranlements de la place publique, où la grande voix du prédicateur était accompagnée du bruit sinistre du rappel et parvenait à le dominer !
C’est alors, c’est dans ces jours d’angoisse et de ténèbres où le présent paraît sans avenir et le jour même sans lendemain, où l’on sent trembler le sol sous ses pieds, où les bruits lugubres du dehors réveillent dans le fond du cœur je ne sais quels échos de tristesse et de mort ; oui, c’est alors que l’on comprend et que l’on aime davantage cette religion divine, refuge des âmes blessées et consolatrice de toutes les douleurs. C’est alors qu’on accourt avec plus d’empressement sous les voûtes séculaires des cathédrales qui ont vu passer tant de douleurs aujourd’hui muettes, tant de révolutions aujourd’hui emportées dans l’oubli. C’est alors qu’on embrasse avec un amour plus attendri la croix sanglante du Sauveur, cette croix qui demeure debout et immuable au milieu des bouleversements du monde, et qu’on écoute avec un cœur tout ouvert les promesses éternelles de Celui qui a dit : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. » Il en est des douleurs publiques comme des douleurs privées : elles ébranlent les sociétés et les cœurs, elles les déchirent, mais en les déchirant elles ouvrent un passage à Dieu, qui entre en vainqueur par leurs plaies saignantes. Malheur aux individus, malheur aux peuples qui résistent à ce dernier effort de la tendresse et de la miséricorde divine ! Quand Dieu a frappé pour purifier et convertir, et quand il a frappé en vain, il ne lui reste plus qu’a frapper pour détruire.
Les conférences du célèbre dominicain n’avaient pas seules le privilège d’attirer la foule à Notre-Dame et de remuer profondément les cœurs. Un autre prédicateur, un autre religieux, partagea longtemps avec lui la fatigue