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Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/105

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charles.

Encore et toujours, ma bonne Juliette ; elle a donc découvert que le fond de ma culotte était doublé ; elle croit que c’est du carton. Et déjà elle m’a menacé de m’enlever ma culotte la première fois qu’elle me battrait. Alors j’ai imaginé avec Betty du découper deux têtes de diables avec des langues rouges, que Betty me collera sur la peau pour remplacer les visières ; et quand ma cousine m’enlèvera ma culotte et qu’elle verra ces diables, elle aura une peur épouvantable et elle n’osera plus me toucher. Tu vois que ce n’est pas bien méchant. »

Marianne et Juliette se mirent à rire de l’invention du pauvre Charles. Marianne fouilla dans sa poche, en retira quatre sous et les donna à Charles en disant :

« C’est le cas de légitime défense, mon pauvre Charlot. Tiens, voici quatre sous ; s’il t’en faut encore, tu me le diras. »

Charles remercia Marianne et disparut aussi vite qu’il était entré.

marianne.

Ce pauvre Charles ! Il me fait pitié, en vérité ! Je ne comprends pas qu’il supporte avec tant de courage sa triste position.

juliette.

Pauvre garçon ! Oui, il a réellement du courage. Je le gronde souvent, mais bien souvent aussi j’admire sa gaieté et sa bonne volonté à bien faire.