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Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/14

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pour dîner ; et une autre fois ce sera bien autre chose.

— Méchante femme ! Détestable femme ! marmotta Charles dès qu’elle eut fermé la porte. Je la déteste ! Elle me rend si malheureux, que j’aimerais mieux être aveugle comme Juliette que de vivre chez cette méchante créature… Une heure !… C’est amusant !… Mais aussi je ne lui ferai pas la lecture pendant ce temps ; elle s’ennuiera, elle n’aura pas la fin de Nicolas Nickleby, que je lui ai commencé ce matin ! C’est bien fait ! J’en suis très content. »

Charles passa un quart d’heure de satisfaction avec l’agréable pensée de l’ennui de sa cousine, mais il finit par s’ennuyer aussi.

« Si je pouvais m’échapper ! pensa-t-il. Mais par où ? comment ? La porte est trop solidement fermée ! Pas moyen de l’ouvrir… Essayons pourtant… »

Charles essaya, mais il eut beau pousser, il ne parvint seulement pas à l’ébranler. Pendant qu’il travaillait en vain à sa délivrance, la clef tourna dans la serrure ; il sauta lestement en arrière, se réfugia au fond du cabinet, et vit apparaître, au lieu du visage dur et sévère de sa cousine, la figure enjouée de Betty, cuisinière, bonne et femme de chambre tout à la fois.

« Qu’est-ce qu’il y a ? dit-elle à voix basse. Encore en pénitence !

charles.

Toujours, Betty, toujours. Tu sais que ma cousine est heureuse quand elle me fait du mal.