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Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/146

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garçon, se dit-il). Toi, va à l’étude, mon garçon ; et vous, allez à la cuisine ; ma femme y est seule ; il faut l’aider. »

Betty mena Charles jusqu’à la porte qu’on lui indiqua, et alla elle-même à la recherche de la cuisine.

Lorsque Charles entra à l’étude, tous les yeux se portèrent sur lui : le surveillant le regardait d’un œil sournois et méfiant ; les enfants examinaient le nouveau venu avec surprise, son air décidé et espiègle semblait annoncer des événements inaccoutumés et intéressants.

Cette première soirée n’offrit pourtant aucun épisode extraordinaire. Charles n’avait pas de devoirs à faire ; il s’assit sur l’extrémité d’un banc et s’y endormit. Il fut réveillé en sursaut par un gros chat noir qui lui laboura la main d’un coup de griffe ; Charles riposta par un coup de poing qui fit dégringoler par terre ce nouvel ennemi du repos et de la douceur de Charles. Le chat se réfugia en miaulant sous le banc du surveillant. Celui-ci lança au nouveau venu un regard foudroyant et sembla indécis entre la paix ou la guerre. Après un instant de réflexion il se décida pour une paix… provisoire.

Deux jours se passèrent assez paisiblement pour Charles ; il employait utilement son temps à faire connaissance avec les usages de la maison et avec les enfants, dont il observa les caractères divers ; il eut bientôt reconnu ceux, très nombreux, auxquels il pouvait se fier et ceux, très rares, qui le