Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/147

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trahiraient à l’occasion. Il les interrogea sur les bruits qui couraient dans le bourg, de fées qui troublaient le repos des nuits, d’apparitions de fantômes, d’hommes noirs, etc. Tous en avaient connaissance, mais jamais personne n’avait vu ni entendu rien de semblable ; ce qui n’empêcha pas Charles de concevoir des projets dont les fées devaient être la base principale.

Charles voyait souvent Betty, car c’était elle qui aidait à la cuisine, qui faisait les chambres, qui balayait les salles d’étude, etc. Il la tenait au courant de tout, et Betty devait lui venir en aide pour divers tours qu’il projetait.

Pendant ces deux jours, Charles n’avait pas encore travaillé avec ses camarades ; on l’avait laissé prendre connaissance des études et de la discipline sévère de la maison ; il avait été témoin de plusieurs punitions, lesquelles se réduisaient toutes au fouet plus ou moins sévèrement appliqué. Il n’avait eu aucun démêlé avec les surveillants, ne s’étant pas encore trouvé en rapport de travail avec eux ; mais il avait eu quelques discussions avec le protégé des surveillants, un gros chat noir qui semblait l’avoir pris en haine et qui ne perdait aucune occasion de le lui témoigner. Charles lui rendait, avec usure, ses sentiments d’antipathie et ses mauvais procédés ; ainsi, dès les premiers jours de son arrivée, il se trouva en tête-à-tête avec son ennemi dans un cabinet retiré ; tous deux se précipitèrent l’un sur l’autre. Charles attrapa un coup de griffe formidable, qu’il paya d’un bon coup de