Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

aucun son ; attendit comme la veille que le sonneur fut rentré, et décrocha la corde.

Cinq heures, six heures ! et, comme la veille, silence général !

« C’est singulier ! se dit le sourd. Comme hier ! Personne ne bouge ! Qu’est-ce qui leur arrive donc ? Et c’est à moi que s’en prend le maître ! Comme si j’étais fautif de ce qu’ils sont un tas de paresseux… Ma foi, aujourd’hui je ne monte pas, quand ils dormiraient jusqu’à midi ! tant pis pour eux ! et si on veut me faire payer une nouvelle amende, je me fâche et je m’en vais. C’est qu’ils seraient bien embarrassés sans moi ! Je leur suis commode… et pas cher, ma foi ! »

Le sonneur sourd fut tiré de ses réflexions par un grand coup de poing dans le dos ; il se retourna brusquement : c’était M. Old Nick qui annonçait ainsi une nouvelle explosion de colère. Le sonneur ne lui donna pas le temps de s’exprimer ; il cria lui-même contre les maîtres, les élèves, les frères Old Nick, contre tout l’établissement, menaça de s’en aller, de les dénoncer au juge de paix, et termina ce flux de paroles que rien ne put arrêter, en exigeant qu’on lui rendît ses deux francs de la veille, sans quoi il s’en irait de suite et ruinerait la maison, racontant ce qui s’y passait et qu’on y frayait avec les fées.

Old Nick jeta au vent un flot d’injures des plus éloquentes, mais le sonneur ne pouvait en apprécier la valeur puisqu’il n’en avait rien entendu ; et finalement Old Nick fut obligé de céder, de tirer