Juliette sourit, se tut et reprit son tricot.
Sais-tu que j’ai bien faim, Juliette ; j’ai mangé un morceau de pain sec à huit heures, et il est midi passé.
J’attends Marianne pour dîner ; mais si tu veux manger une tranche de pain, tu sais où il est, prends-en un morceau.
Je vais manger une bouchée en attendant ; je craignais que tu n’eusses dîné. »
Comme il achevait son morceau de pain, Marianne entra.
« Ah ! te voilà, Charlot, dit-elle en l’embrassant, tu t’es donc fait chasser ? Cela ne m’étonne pas, je l’avoue. Prends garde de te faire chasser aussi par Juliette, qui va t’avoir toute la journée sur le dos.
Non, Marianne, je travaillerai : j’irai chez M. le curé, chez le maître d’école ; ils me feront travailler, et je ne vous ennuierai pas, je ne ferai aucune sottise. Je deviens raisonnable à présent.
Ah !… Depuis quand, Monsieur Charlot, êtes-vous passé dans les rangs des gens sages ?
Depuis longtemps ; depuis que je suis malheureux.