Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/212

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juliette.

Ainsi, tu n’as pas du tout pensé à Marianne ni à moi ?

charles.

Au contraire, toujours. Tout ce que je faisais, ce que j’inventais, c’était pour vous rejoindre. Et toi, Juliette, pensais-tu à moi ?

juliette.

Oh ! moi, toujours. J’étais inquiète, j’étais triste. Mes journées ont été bien pénibles en ton absence, mon pauvre Charles ! J’avais si peur que tu ne fisses quelque chose de mal, de réellement mal !… Tu sais que tu as toujours l’idée de te venger quand on a mal agi envers toi ; et c’est un si mauvais sentiment, si contraire à la charité que nous commande le bon Dieu ! Et quand tu offenses le bon Dieu, mon pauvre Charles, j’en éprouve une telle peine que je te ferais pitié si tu voyais le fond de mon cœur !

charles.

Juliette, chère Juliette, pardonne-moi. Je t’assure que ce n’est pas exprès que je suis méchant…

juliette.

Je le sais, mon ami ; mais tu te laisses trop aller, tu ne pries pas le bon Dieu de te venir en aide, et alors… tu n’as pas de soutien et tu tombes !

charles.

Sois tranquille, Juliette ; à présent que je serai avec vous deux, tu verras comme tu seras contente de moi, et comme je t’écouterai docilement, sagement. »