Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/289

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brassa, lui fit sentir le plat, et enfin, le posant par terre, il mit la pâte près de lui. Minet se jeta dessus en affamé, mordit, tira, mordit encore et encore, et tant, qu’il en eut la bouche remplie sans pouvoir la séparer avec ses dents pour l’avaler par morceaux ; il recula, la pâte s’allongea ; reculant toujours, il allongeait la pâte gluante sans parvenir à la briser ni à l’avaler.

L’embarras et la triste figure du pauvre chat parurent si plaisants à Charles, qu’il se mit à rire. Le chat eut recours à ses pattes de devant pour se débarrasser de cette pâte qu’il ne pouvait ni avaler ni rejeter ; les mouvements convulsifs et désordonnés des pattes du chat redoublèrent l’hilarité de Charles et attirèrent Marianne, Betty et même Juliette. Les sauts et les promenades à reculons qu’exécutait l’infortuné Minet, traînant toujours avec lui ce long ruban de pâte, firent rire d’abord Marianne et Betty.

Juliette questionna Betty sans obtenir de réponse ; Charles lui expliqua la cause de leur gaieté.

juliette.

Ce n’est pas du tout risible, Charles. Mon pauvre Minet suffoque ; c’est ce qui occasionne les gambades qui vous amusent tous. Je t’en prie, délivre-le ; ôte-lui cette pâte, sans quoi il va étouffer. »

Charles, voyant Juliette sérieusement inquiète, courut au chat, tira la pâte, qui s’attachait à ses doigts, et continua à tirer jusqu’à ce qu’il eût dé-