Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/304

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donald.

Je ne dis pas, Monsieur Charles ; mais un cheval qui ne se sent pas tenu peut s’emporter.

charles.

S’il s’emporte, vous reprendrez les guides et vous l’arrêterez puisque vous êtes si habile. »

En achevant ces mots, Charles saisit les guides et les tira à lui. Donald eut peur que le tiraillement n’impatientât le cheval et il les abandonna. Charles, enchanté de son succès, laissa le cheval prendre le galop, malgré les remontrances de Donald.

donald.

Prenez garde, Monsieur Charles ; la bête est jeune et ardente ; elle va diablement vite ; si elle s’emporte…

charles.

Elle ne s’emportera pas, nous voici bientôt arrivés. »

La truie, qui n’aimait pas cette allure précipitée, faisait des cris dont s’amusait beaucoup Charles. Pour la faire crier plus fort en approchant du bourg, il assena un coup de fouet sur la croupe du cheval, qui fit un bond et partit comme une flèche.

« Sapristi ! le voilà emporté ! » grommela Donald en arrachant les guides des mains de Charles et en les retenant de toutes ses forces. Mais le cheval serrait le mors entre ses dents (ce qu’on appelle prendre le mors aux dents) et ne les sentait plus. Il fendait l’air et causait des frayeurs terribles aux habitants paisibles qui rentraient chez eux. Donald