Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/316

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« Pauvre garçon ! dit-elle en pleurant. Il a un cœur excellent ! Avec de l’amitié on fait de lui ce qu’on veut.

marianne.

Je crois comme toi, Juliette, qu’il a d’excellents sentiments et de grandes qualités. Mais il est si vif, si ardent dans ses volontés, si imprévoyant et si entreprenant, qu’on n’est jamais un repos avec lui.

juliette.

Il ne me résiste jamais, pourtant.

marianne.

Aussi je te laisse la direction absolue de son caractère ; tu l’as déjà beaucoup adouci, mais il te reste beaucoup à faire encore !

— Oh ! j’y arriverai, dit Juliette en souriant.

marianne.

Que Dieu t’entende et te vienne en aide, et dans quelques années d’ici tu auras fait de Charles un homme vraiment remarquable. »

Juliette sourit encore. Charles rentra.

« Eh bien ? dit Juliette.

charles.

Je lui ai demandé pardon ; elle a eu l’air surpris ; elle a hésité un instant ; puis elle m’a serré dans ses bras en m’embrassant, en pleurant, en me demandant pardon à son tour. Elle m’a dit que le danger de son mari lui avait fait perdre la tête, que je lui avais répondu comme elle le méritait, que nous étions tous trop bons pour elle, et que jamais elle ne saurait assez me témoigner tout ce