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Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/324

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bitude, et que Donald avait joint ses regrets à ceux de sa femme, Charles, prêt à éclater, sortit dans la cour pour chercher une distraction à sa colère ; il entra dans une écurie vide, et l’idée lui vint d’y mettre ses lapins. Il communiqua l’idée à Juliette, qui l’accueillit avec empressement ; ils retirèrent leurs huit lapins, très mal établis dans une vieille caisse, pour les transporter dans cette nouvelle demeure, que Charles surnomma le palais des lapins. Il s’y trouvait de la paille toute préparée, comme si l’écurie avait été habitée. Charles et Juliette y établirent les lapins et leur apportèrent des feuilles de choux et de carottes.

En s’en allant, Charles ôta la clef, qu’il mit dans sa poche.

« Attends-moi une minute, dit-il à Juliette, je cours porter la clef dans ma chambre, pour que Betty et Donald ne se mêlent pas de nos élèves : toi et moi, nous serons seuls à les soigner. »

Charles courut en effet jusqu’à sa chambre, aperçut en entrant le chat qui s’y trouvait renfermé, le poursuivit jusque dans la cuisine, ne songea plus à la clef, qui resta dans sa poche, et rejoignit Juliette. Ils allèrent dans les champs. Les récoltes commençaient à pousser et à verdir la plaine ; les pommiers et les poiriers étaient chargés de fleurs, la bonne odeur de cette verdure jeune et fraîche procurait une vive jouissance à Juliette ; elle se sentait gaie et remontée ; sa conversation avec Charles était plus animée que jamais ; ils parlaient de leur avenir.