Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/34

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madame mac’miche.

Et tu crois, mauvais garnement, que je supporterai tes scélératesses, toi, mendiant, que je nourris par charité ! »

Charles devint rouge comme une pivoine ; il sentait la colère s’emparer de lui, mais il se contint et répondit froidement :

« Ma nourriture ne vous coûte pas cher ; ce n’est pas cela qui vous ruinera.

madame mac’miche.

Insolent ! Et tes habits, ton logement, ton coucher ?

charles.

Mes habits ! ils sont râpés, usés comme ceux d’un pauvre ! Trop courts, trop étroits avec cela. Quand je sors, j’en suis honteux…

— Tant mieux, interrompit la cousine avec un sourire méchant.

charles.

Attendez donc ! Je n’ai pas fini ma phrase ! J’en suis honteux pour vous, car chacun me dit : « Il faut que ta cousine soit joliment avare pour te laisser vêtu comme tu es ».

madame mac’miche.

Pour le coup, c’est trop fort ! Attends, tu vas en avoir. »

La cousine courut chercher une baguette ; pendant qu’elle la ramassait, Charles saisit les allumettes, en fit partir une, courut au rideau :

« Si vous approchez, je mets le feu aux rideaux, à la maison, à vos jupes, à tout ! »