Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/342

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juliette.

Ce jour est resté le plus heureux de ma vie, mon bon Charles. Et quand je pense que depuis huit ans tu ne t’es pas relâché un seul jour, une seule heure, de tes soins affectueux pour la pauvre aveugle, mon cœur en éprouve une telle reconnaissance, que je souffre de ne pouvoir te la témoigner.

charles.

En fait de reconnaissance, c’est bien moi qui suis le plus endetté, mon amie. Tu m’as réformé, tu m’as changé ; tu as fait de moi un homme passable, au lieu d’un vrai diable que j’étais. »

Et ils repassèrent dans leurs souvenirs les différents événements de l’enfance et de la jeunesse de Charles ; ces souvenirs provoquaient souvent des rires interminables, souvent aussi de l’attendrissement et de la satisfaction.

« Et maintenant, dit Juliette, que nous avons fait une revue générale du passé, parlons un peu de ton avenir. Sais-tu que Marianne a une idée pour toi ?

charles.

Laquelle ? Une idée sur quoi ?

juliette.

Sur ton mariage.

charles.

Mais quelle rage avez-vous de me marier ?… Et avec qui veux-tu me marier ?

juliette.

Ce n’est pas moi, Charles  ; c’est Marianne. Tu