Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/378

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leaux de mille francs. Une lettre affectueuse accompagnait le présent ; Charles lui demandait de l’aider à se débarrasser de son superflu, en acceptant les vingt mille livres qu’il se permettait de lui offrir.


« J’en ai donné cinquante mille à Juliette, ajouta-t-il ; peut-être devinerez-vous maintenant l’énigme de mon mariage. Vous êtes et vous serez ma sœur plus que jamais ; en m’acceptant pour frère, vous comblerez mes vœux et ceux de ma bien-aimée Juliette. »


Dans sa surprise, Marianne laissa retomber la lettre.

« Juliette !… Juliette !… C’est Juliette ! s’écria-t-elle. Il faut que je l’apprenne à mon mari ! Va-t-il être étonné ! Le voici tout juste… Venez voir, mon ami, quelle découverte je viens de faire ! La femme dont nous ne pouvions deviner le nom, la femme de Charles, sera… Juliette !… Eh bien, vous n’êtes pas surpris ?

le juge, souriant.

Je l’avais deviné dès que vous m’avez parlé du mariage arrêté de Charles, ma chère amie ! Qui pouvait-il aimer et épouser, sinon Juliette ? la bonne, la douce, la charmante Juliette !

marianne.

Comment ! ce mariage ne vous paraît pas bizarre, absurde des deux côtés ? Charles épouse une aveugle qui a deux ans de plus que lui, et Juliette prend un mari plus jeune qu’elle, vif comme la