Aller au contenu

Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
madame mac’miche.

Ah ! c’est comme ça que vous me répondez. Voici M. le juge de paix qui vient tout justement ; vous allez avoir une bonne amende à payer.

l’homme.

C’est ce que nous allons voir, ma bonne dame.

le juge.

Qu’y a-t-il donc ? Vous m’avez fait demander pour constater un délit, madame Mac’Miche ?

madame mac’miche.

Oui, Monsieur le juge, un délit énorme, qui demande une éclatante réparation, une punition exemplaire ! Cet homme que voici, qu’on reconnaît à son air féroce (tout le monde rit, le charretier plus fort que les autres), oui, Monsieur le juge, à son air féroce ; il se dissimule devant vous, il fait le bon apôtre ; mais vous allez voir. Cet homme m’a jetée par terre au beau milieu de la rue, m’a injuriée, m’a appelée de toutes sortes de noms ; et, enfin, m’a donné un coup de fouet à travers les yeux, que j’en suis aveugle. Et je demande cent francs de dommages et intérêts, plus une amende de cent francs dont je bénéficierai, comme c’est de toute justice. »

Le charretier et son escorte riaient de plus belle ; leur gaieté n’était pas naturelle ; elle donna au juge, qui était un homme de sens et de jugement, quelques soupçons sur l’exactitude du récit de Mme Mac’Miche. Il se tourna vers le charretier.

« La chose s’est-elle passée comme le raconte Madame ?