Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/56

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madame mac’miche.

Ah ! te voilà enfin, petit scélérat ! Approche,… plus près… »

À sa grande surprise, Charles obéit, les yeux baissés, l’air soumis. Quand il fut à sa portée, elle le saisit par l’oreille ; Charles ne lutta pas ; enhardie par sa soumission, elle prit une baguette et lui en donna un coup fortement appliqué, puis deux, puis trois, sans que Charles fît mine de résister ; elle profita de cette docilité si nouvelle pour abuser de sa force et de son autorité ; elle le jeta par terre et lui donna le fouet en règle, au point d’endommager sa culotte, déjà en mauvais état. Charles supporta cette rude correction sans proférer une plainte.

« Va-t’en, mauvais sujet, s’écria-t-elle quand elle se sentit le bras fatigué de frapper ; va-t’en, que je ne te voie pas ! »

Charles se releva et sortit sans mot dire, le cœur gonflé d’une colère qu’il comprimait difficilement. Il courut dans sa chambre pour donner un libre cours aux sanglots qui l’étouffaient. Il se roula sur son lit, mordant ses draps pour arrêter les cris d’humiliation et de rage qui s’échappaient de sa poitrine. Quand le premier accès de douleur fut passé, il se souvint de la douce Juliette, de ses bonnes paroles, de ses excellents conseils ; après quelques instants de réflexion, ses sentiments s’adoucirent ; à la colère furieuse succéda une grande satisfaction de conscience ; il se sentit heureux et fier d’avoir pu se contenir, de n’avoir