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diémides et méolicènes

De là un ordre social d’où étaient exclues toute envie et toute basse jalousie, où régnaient dans tous les rangs le sentiment du devoir accompli et la paix qui l’accompagne.

Au degré le plus inférieur de l’échelle se trouvaient ceux des Diémides qui étaient employés aux industries extractives ; au-dessus les constructeurs, ceux qui élevaient les habitations ou qui façonnaient les machines, objets mobiliers et engins divers. Plus haut enfin ceux qui, sous la direction des artistes, peintres, seulpteurs, architectes, ingénieurs, décoraient les édifices, sculptaient ou ciselaient le bois, la pierre ou le métal.

Là s’arrétait le role des Diémides.

La hiérarchie se continuait dans la classe supérieure appelée les « Méolicènes », c’est-à-dire les hommes de l’intelligence.

À vrai dire, il n’y avait d’autres distinctions entre les deux branches de ce grand peuple que la nature du travail auquel on s’employait. Tant que ce travail était entièrement ou surtout matériel, on restait dans la classe des Diémides. Lorsque l’œuvre à laquelle on était voué exigeait l’emploi exclusif des facultés de l’intelligence, on entrait dans la classe supérieure des Méolicènes. Et là encore se continuait une marche ascendante jusqu’au rang le plus élevé où se tenaient les sages dont le vaste esprit embrassait le principe de toutes les sciences, les lois générales de l’univers, et les grandes vérités morales qui servaient de guide à cette humanité déjà si avancée dans la voie de la perfection.

Comme le culte et la pratique du bien étaient, dans ces natures d’élite, en harmonie avec l’étendue des connaissances, les premiers d’entre les Méolicènes unissaient à la plus complète sagesse la plus inaltérable vertu.

Dégagés de ce qui pouvait exister encore dans les rangs inférieurs de faiblesses humaines, de défaillances, d’imperfections morales, ils semblaient vivre dans une atmosphère éthérée où ne parvenait jamais rien de bas ou d’impur. Ils dominaient par la puissance de leur esprit, la possession presque complète des secrets de la nature qui mettaient entre leurs mains des forces capables au besoin de détruire le monde qu’ils habitaient, et surtout par la sérénité de leur vie et l’autorité que leur donnait