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un monde inconnu

Le palais s’élevait à quelque distance du rivage où la mer venait briser ses flots tranquilles, au centre d’une vaste place bordée de portiques de marbre dont les couleurs variées rappelaient le porphyre, le portor, le paros, le sanguinède, le jaspe.

Autour des colonnes et des piliers se tordaient des guirlandes de fleurs et de feuillage en métaux précieux, merveilleusement fouillés, et dont les éclats tour à tour fauves ou azurés se mariaient à la couleur des marbres qu’elles décoraient. Le long des entablements et sur les frises couraient des arabesques du travail le plus fini. Sur ce fond d’une teinte chaude se détachait vigoureusement le palais dont la blancheur était atténuée par la multiplicité des ornements qui en couvraient les murs. Des générations d’artistes s’étaient succédé pour embellir ce fastueux monument où se résumait en quelque sorte l’histoire du monde lunaire.

Au centre de l’édifice s’élevait un dôme d’une élégante hardiesse, surmonté d’un campanile svelte et léger, finement ajouré. Ce dôme était recouvert d’un lacis d’ornements métalliques, dont les ciselures laissaient apercevoir entre leurs réseaux capricieux l’éclatante blancheur du marbre qu’ils recouvraient. Il reposait sur une rangée de colonnettes, aux chapiteaux richement travaillés, et que reliaient entre elles des arceaux sculptés à jour dont les nervures, tourmentées et entrecroisées par une main sûre, formaient une véritable dentelle.

Le palais que couronnait ce dôme aérien affectait, dans ses dispositions générales, la forme d’une croix aux quatre branches égales. Au-dessus de celle qui s’allongeait dans l’axe de la place, s’étendait une vaste terrasse entourée d’une balustrade légère d’or et d’argent et aussi de ce métal, aux reflets violacés, que connaissaient déjà nos voyageurs. C’était, on se le rappelle, sur une plaque de ce métal qu’étaient gravés les signes mystérieux qui avaient donné à Marcel l’idée de se lancer dans cette entreprise surhumaine. Tout était massif, et là encore se retrouvait cette inépuisable fantaisie qui assouplissait le métal, comme une branche flexible, autour du dôme et dans l’entre-deux des colonnettes. Au-dessus des trois autres branches de la croix se dressaient, supportés par de légers arceaux, de hardis campaniles moins élevés