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la réception

que celui du dôme central et chargés de sculptures. Tout autour de l’édifice régnait un portique formant une galerie couverte.

Sur le fût des hautes colonnes qui le supportaient reparaissaient ces guirlandes de fleurs et de feuillage où de précieux émaux, habilement sertis, imitaient la nature par leurs couleurs vives et variées.

Partout où les exigences de la construction avaient laissé des surfaces planes, pans de murs, côtés de pilastres, frises ou entablements, le ciseau de sculpteurs habiles avait fouillé dans le marbre des bas-reliefs polychromes dont les personnages étaient figurés avec une telle réalité d’attitude et une telle intensité d’expression qu’ils offraient toutes les apparences de la vie. Chacun de ces tableaux dont les tons étaient aussi riches et aussi variés que ceux d’une peinture, représentait quelque scène de l’histoire de l’humanité lunaire. Mais ce n’était pas, comme chez nous, des scènes de meurtre et de carnage. Les heureux habitants de ce monde supérieur ignoraient depuis longtemps la guerre et ses horreurs. Si, dans les premiers âges de cette planète, les convoitises inhérentes à toute humanité au berceau avaient armé les êtres vivants les uns contre les autres, le progrès des sciences et des mœurs avait fait depuis de longs siècles oublier ces luttes fratricides, et le souvenir n’en était plus conservé que pour être voué à l’exécration universelle.

Chacun de ces bas-reliefs rappelait quelque découverte grande ou utile, quelque trait de dévouement resté vivant dans la mémoire et la reconnaissance des hommes, l’établissement de quelque sage loi, le souvenir des personnages illustres entre tous par leurs services ou leurs vertus.

C’était là comme un enseignement perpétuel placé sous les yeux de la foule et qui entretenait dans tous les cœurs une généreuse émulation.

Malgré la profusion des ornements qui recouvraient ce palais, il offrait dans ses lignes générales harmonieusement combinées l’aspect d’une incrovable légèreté.

Sous les portiques, entre les colonnes, se jouaient l’air et la lumière et l’ensemble de l’édifice s’enlevait comme ces palais