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premiers signaux

approchait alors de son premier quartier. Il eut beau fouiller la région du satellite qu’indiquait le télégramme et qui se trouvait alors dans l’ombre, il n’y put rien découvrir de certain. Il lui sembla bien parfois entrevoir quelques lueurs fugitives. Était-ce une illusion ? Son ardent désir de découvrir quelque chose ne le trompait-il pas ? Il ne pouvait rien affirmer.

Le jour le surprit dans ces hésitations. Il rentra chez lui où une nouvelle surprise l’attendait :

Sur sa table de travail se trouvait un nouveau télégramme qu’on venait d’apporter. Il était conçu en ces termes :

« Observatoire de Long’s Peak, Montagnes Rocheuses.

« Confirmons dépêche d’hier. Constaté sûrement, à intervalle d’une heure, retour de lettres lumineuses M. J. R. — Hauteur des lettres mesurées au micromètre : 300 pieds. Amis retrouvés. Prière venir pour observation prochaine lunaison. Cordiales félicitations.

« W. Burnett, »

Et le vieil astronome exultant, triomphant, s’élança vers la chambre de sa fille.

« Hélène, mon enfant, balbuliait-il, ils sont vivants, ils ont donné de leurs nouvelles ; tes pressentiments avaient raison. Apprête-toi, nous partons. »

Un cri s’échappa de la poitrine de la jeune fille ; elle pâlit et tomba presque inanimée dans les bras de son père.

Lorsque les astronomes des Montagnes Rocheuses, suivant dans l’œil géant du télescope le vol du projectile dans l’espace, l’avaient vu disparaître soudain dans la fissure qui s’ouvrait presque au pied du cratère d’Aristillus, ils avaient bien cru que c’en était fait des hardis explorateurs et que trois noms nouveaux venaient de grossir le martyrologe de la science. Cependant, bien qu’ils fussent convaincus de leur perte, ils n’avaient pas voulu abandonner toute espérance ; ils connaissaient la force d’âme de leurs amis, ils savaient que tout ce que ces hommes, d’une trempe exceptionnelle, pourraient tenter pour échapper à la mort serait essayé.

Ils se disaient qu’après tout, s’ils n’avaient pas péri dans la