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premiers signaux

le premier message de nos amis ! Voilà maintenant qu’il nous faut attendre deux semaines encore avant de pouvoir recommencer nos observations. »

Puis, serrant énergiquement la main du directeur de l’observatoire de Long’s Peak, il lui dit avec effusion :

« C’est à vous, mon cher collègue, à votre persévérance, que nous devons cette importante constatation, dont les conséquences, que j’entrevois déjà, seront incalculables.

— C’est aussi et surtout, fit modestement W. Burnett, à l’admirable instrument dont nous disposons que nous devons ce magnifique résultat. »

On se souvient, en effet, que le télescope des Montagnes Rocheuses avait été spécialement construit pour pouvoir distinguer sur la surface lunaire des objets ayant une dimension de 9 pieds, c’est-à-dire égale à celle de l’obus. Rien donc d’étonnant à ce que des lignes lumineuses, ayant, suivant les mesures relevées au micromètre par l’astronome américain, une longueur de 300 pieds, pussent apparaître distinctement dans le champ de l’instrument.

La fille de Mathieu-Rollère avait assisté à cet entretien, et son cœur s’épanouissait doucement à ces heureuses nouvelles. Quand il avait été question du signe représentant son fiancé, son visage s’était teint d’une vive rougeur, et une confiance sereine animait son regard. L’avenir lui apparaissait maintenant tout éclairé d’un rayon d’espérance : elle avait eu raison de ne pas douter.

Les jours qui séparaient les astronomes de la prochaine observation furent bien employés. Comme si on était déjà sûr de ne s’être pas trompé, on se préoccupa de rechercher les moyens de faire savoir aux trois voyageurs que leurs signaux avaient été aperçus et compris. Il ne fallait pas, en effet, les laisser trop longtemps dans l’incertitude ; on ne savait comment ils étaient parvenus à produire les signaux, et si les ressources dont ils disposaient leur permettraient de les renouveler souvent.

Pour avoir sous la main un homme spécial, on avait fait venir en hâte l’ingénieur Georges Dumesnil, cet ami de Marcel qui, après avoir lancé au fond de la Columbiad l’étincelle électrique, était resté sur les lieux pour garder l’installation et veiller à l’entretien