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premiers signaux

On tint une sorte de conseil dans lequel on examina les moyens les plus sûrs et les plus prompts pour répondre aux signaux dont on attendait impatiemment le retour. L’ingénieur Dumesnil exposa un plan dont la simplicité ingénieuse rallia tous les suffrages. Il s’agissait de choisir au sud de l’Algérie, aux confins du désert, une plaine largement découverte où l’on disposerait une sorte de réseau de 100 mètres de côté, divisé comme un canevas de tapisserie en carrés d’un mêtre. Au centre de chacun de ces carrés serait placé un puissant foyer électrique ; à chacun de ces foyers correspondraient des fils aboutissant à un commutateur permettant de les allumer ou de les éteindre instantanément. Sur ce réseau ainsi disposé, rien de plus facile que de figurer, à l’aide de ces foyers, les diverses lettres de l’alphabet.

« J’ai conçu, continua l’ingénieur, le plan d’une sorte de clavier dont les 25 touches seraient marquées chacune d’une lettre, et qui permettraient d’éteindre et de rallumer à volonté les foyers figurant la lettre qu’on voudrait produire. On aurait ainsi avec une extrême facilité des mots et des phrases.

« Il est évident, ajouta-t-il, qu’en faisant les signaux que vous avez aperçus, nos amis, qui connaissent la puissance de votre télescope, ont calculé l’intensité lumineuse de ces signaux de facon à ce qu’ils fussent clairement perçus par cet instrument. Nous devons croire aussi qu’ils disposent à leur tour d’instruments d’optique assez perfectionnés pour pouvoir distinguer sur la Terre des signes de même intensité que ceux qu’ils nous ont envoyés. Dans tous les cas nous devons par prudence exagérer plutôt les dimensions de nos lettres lumineuses et établir nos signaux dans une contrée où la limpidité de l’atmosphère soit aussi compléte que possible.

— C’est pour cela sans doute, reprit Mathieu-Rollère, que vous avez choisi l’Algérie pour y disposer votre réseau électrique.

— Précisément, répondit l’ingénieur ; c’est la pureté et la transparence de l’air dans cette région qui ont tout d’abord appelé mon attention. Et puis je ne vous cacherai pas qu’il me semble juste, puisque l’idée première émane d’un Français, que l’expérience reste complètement française. J’espère, ajouta-t-il en s’inclinant devant les astronomes américains, que vos honorables collaborateurs ne