Page:Sélènes Pierre un monde inconnu 1896.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
154
un monde inconnu

trouveront pas cette prétention excessive. La gloire leur restera toujours d’avoir aperçu les premiers signaux envoyés de la Lune. Sans le télescope de Long’s Peak, rien de ce qui a été fait n’aurait été possible.

— Oh ! notre part est bien mince, répondit W. Burnett ; la gloire première revient en réalité au grand Barbicane, qui, le premier, a songé à la possibilité d’un voyage dans la Lune, qui a construit la Columbiad, s’est audacieusement élancé dans l’espace avec une confiance sans précédent, et aurait réussi dans son entreprise si des forces impossibles à conjurer ne l’avaient détourné de sa route. »

À ces paroles, prononcées avec un légitime orgueil, tous s’inclinèrent en signe d’assentiment.

« Mais, reprit bientôt l’ingénieur G. Dumesnil, j’ai aussi songé à une chose : avant que nous puissions établir notre réseau alphabétique, il s’écoulera nécessairement un certain temps. Il nous faut tout d’abord obtenir l’autorisation du gouvernement français.

— Oh ! interrompit Mathieu-Rollère, cela ne sera pas long ; j’ai des amis puissants au ministère, et, du reste, la question qui pourrait nous retarder, celle des dépenses, ne sera pas un obstacle, car nous avons à l’observatoire des fonds disponibles.

— Bien, fit l’ingénieur ; mais pour installer notre réseau en plein désert, à 40 kilomètres au sud de Biskra, il nous faudra tout transporter à dos d’homme ou de chameau, à moins, ce qui serait infiniment plus pratique, que nous puissions établir un chemin de fer Decauville.

— Nous l’établirons, affirma Mathieu-Rollère, qui maintenant ne doutait plus de rien.

— Parfait ; mais il nous faudra des moteurs à vapeur, et par suite d’importantes provisions de combustible, de nombreuses et puissantes machines dynamo-électriques, 10.000 lampes à arc, de grand modéle, munies chacune d’un réflecteur parabolique, des kilomètres de fil. Ce n’est pas tout : il faut abriter tout cela ; il faut loger, nourrir et approvisionner tout le personnel nécessaire au fonctionnement permanent de ce système de signaux ; car vous pensez bien que lorsque les communications seront une fois régulièrement établies, elles ne cesseront plus.