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un monde inconnu

et les facultés de l’intelligence se conservaient sans altération sensible jusque dans l’âge le plus avancé de la vie.

La période d’affaiblissement qui précédait la mort était relativement courte. La vie organique décroissait la première, laissant à peu près intact ce que les physiologistes appellent la vie de relation. Le vieillard, que ses forces physiques abandonnaient peu à peu et chez lequel les fonctions nutritives — c’est-à-dire de respiration — allaient diminuant, gardait jusqu’au dernier instant la netteté de son esprit, la vivacité de ses sentiments. Résigné, grâce à une haute philosophie à laquelle il devait la démonstration incontestée de la vie future, il s’éteignait doucement au milieu des siens, leur adressant ses suprêmes conseils, et les dernières paroles qu’il prononçait renfermaient non un « adieu » désespéré, mais un « au revoir » tout plein de promesses et d’espérances.

Dans cette fin d’un sage, semblable au sommeil de celui qui s’endort sur sa tâche accomplie, rien de lugubre ou de sinistre comme chez nous. On n’assistait jamais au spectacle répugnant de ces décomposilions qui semblent anticiper sur le tombeau, à ces déplorables effondrements de l’intelligence, qui paraît s’éteindre par fragments et ne laisser entre les mains de ceux qui entourent le vieillard qu’une misérable guenille n’ayant plus rien d’humain que la forme.