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un monde inconnu

pas des grossissements aussi considérables que ceux qui sont fondés sur le principe de la réfraction. Nous sommes arrivés dans la fabrication de nos lentilles à une telle perfection, nous avons pu construire des lunettes d’un tel diamètre que nous avons renoncé à l’usage des télescopes. »

Et Rugel s’étendit avec complaisance, en de longs détails, sur les procédés savants et précis à l’aide desquels ils obtenaient ces merveilleux et gigantesques objectifs ; sur les mécanismes simples et puissants qui faisaient mouvoir sans peine ces appareils, dont les proportions dépassaient tout ce que la science lerrestre avait jusqu’à présent pu réaliser.

Marcel et ses deux amis, vivement intéressés par les descriptions auxquelles se livrait Rugel, par les souvenirs des âges loiniains qu’il évoquait, par la succession de progrès scientifiques obtenus à travers les siécles et qu’il faisait passer sous leurs yeux, ne s’apercevaient pas que le temps s’écoulait et que plusieurs heures étaient déjà passées depuis leur entrée dans le réduit assez étrange où ils s’entretenaient encore.

« Tout cela est très curieux et fort instructif, ami Rugel, dit Marcel avec gaieté ; mais est-ce seulement pour nous faire une conférence sur l’histoire de l’astronomie lunaire que vous nous avez conduits ici ?

— Toujours impatient, répondit Rugel en souriant. Mais rassurez-vous, nous sommes arrivés.

— Arrivés ! s’écriérent à la fois Marcel, Jacques et lord Rodilan. Où ? Comment ?

— À la surface de la Lune, » répondit simplement Rugel.